Noctuelle des moissons (Agrotis segetum) : dégâts et lutte biologique

La noctuelle des moissons (Agrotis segetum) peut causer de véritables ravages dans les cultures. Ce papillon de nuit, dont les larves s’attaquent aux jeunes plants dès la tombée du jour, inquiète aussi bien les maraîchers que les agriculteurs céréaliers. Ses dégâts, souvent visibles au lever du jour, se traduisent par des tiges sectionnées net au ras du sol. Mais quelles solutions face à ce ravageur ? Nos explications.

Description de la noctuelle des moissons

La Noctuelle des moissons (Agrotis segetum) est un papillon lépidoptère de la famille des Noctuidae, parfois aussi nomée “moissonneuse”. Cette espèce est répandue en Europe, on la rencontre aussi en Asie et en Afrique. Elle se rencontre aussi bien dans les plaines céréalières que dans les zones maraîchères, profitant des sols meubles et humides pour se reproduire et s’abriter.

L’adulte mesure environ 4 à 4,5 cm d’envergure. Ses ailes antérieures sont brun grisâtre avec des motifs plus clairs et deux taches caractéristiques, tandis que les ailes postérieures sont blanches chez le mâle et grises chez la femelle. 

Mais ce n’est pas le papillon qui cause les dégâts : c’est sa larve, communément appelée ver gris, longue de 5 cm et de couleur brune, avec une tête rougeâtre, et qui s’attaque directement aux cultures.

Cycle de vie  de Agrotis segetum

L’un des atouts majeurs d’Agrotis segetum réside dans sa capacité d’adaptation aux conditions climatiques. L’espèce compte généralement une à deux générations par an, parfois une troisième dans les régions méridionales plus chaudes.

• Hivernation : la chenille passe l’hiver dans le sol, à différents stades selon les régions.
• Reprise du développement : à partir de mars, elle reprend son activité et se nymphose en avril.
• Émergence des adultes : la première génération de papillons apparaît entre mi-avril et début juin.
• Deuxième génération : observable de fin juillet à début septembre, principalement dans le sud de la France.
  

Les femelles déposent leurs œufs isolément ou en petits groupes sur la face inférieure des feuilles, les tiges ou le sol. Quinze jours plus tard, les chenilles éclosent et commencent à se nourrir la nuit. Durant la journée, elles se cachent sous les mottes de terre pour échapper à la lumière et aux prédateurs.

Les plantes les plus touchées par la noctuelle des moissons

Polyphage, la noctuelle s’attaque à un large éventail de cultures. Elle affectionne particulièrement les jeunes plants tendres et les zones où la végétation reste basse. Parmi les plantes les plus touchées, on trouve :

• Les pommes de terre.
• Les céréales (blé, orge, maïs)
• Les betteraves
• Le tabac
• Les cultures légumières (oignons, laitues, asperges)

Symptômes et dégâts caractéristiques de la noctuelle des moissons

Les attaques sont généralement observées au lever du jour, lorsque les feuilles et tiges jonchent le sol, sectionnées net à la base. Les chenilles grignotent le collet, ce qui provoque le flétrissement puis la mort de la plante. Les symptômes varient selon la culture :

• Sur céréales et légumes-feuilles, les jeunes plants sont coupés et desséchés.
• Sur betteraves, les collets présentent des morsures en anneau.
• Sur pommes de terre, les tubercules peuvent être creusés, rendant la récolte impropre à la commercialisation.

Les infestations massives restent rares, mais lorsqu’elles surviennent, elles peuvent anéantir plusieurs rangs de culture en quelques nuits.

Conditions favorables au développement

La noctuelle apprécie les sols légers et bien aérés, riches en matière organique, où elle peut s’enfouir facilement. Les printemps doux et les étés modérément chauds favorisent sa reproduction.

Chaque femelle pond entre 800 et 1 200 œufs, ce qui explique la rapidité avec laquelle les populations peuvent exploser lorsque les conditions sont favorables. Les années humides, les sols meubles et les repousses après moisson constituent un terrain idéal pour sa prolifération.

Prévention et bonnes pratiques culturales

Limiter la présence de la noctuelle commence par une hygiène culturale rigoureuse. La suppression des abris potentiels et des zones refuges réduit fortement les risques d’infestation. Voici quelques gestes simples mais efficaces :

• Éliminer les résidus de culture et les mauvaises herbes après la récolte pour supprimer les sites d’hivernation.
• Travailler le sol régulièrement afin d’exposer les chenilles et les nymphes aux prédateurs naturels.
• Protéger les jeunes cultures à l’aide de voiles ou de toiles insect-proof, notamment dans les serres et tunnels maraîchers.

Photo : Shutterstock